Coopérative de travailleurs : par qui et pour qui?
Les coopératives de travailleurs paramédics sont avant tout des coopératives de travailleurs.
Cette forme d’entreprise est un rappel de leur origine et de leur raison d’être. À l’époque, les paramédics travaillaient pour des compagnies ambulancières. Autrement dit, elles offraient des services au public, mais travaillaient pour un propriétaire.
De leur côté, les coopératives ont vu le jour dans un marché où les compagnies ambulancières ne voyaient plus les SPU comme une source de profits intéressante. Ainsi, depuis la fin des années 1980, leurs membres sont donc toujours au service du public, mais travaillent maintenant pour eux-mêmes. C’est une petite révolution en soi.
Mais travailler pour soi-même comporte son lot de difficultés. Rien n’est parfait! Par exemple, être propriétaires collectifs oblige une gouvernance collective, qui se concrétise par un conseil d’administration composé d’élus représentant les membres. Les administrateurs, en plus d’être paramédics, doivent apprendre à composer avec des enjeux opérationnels, comprendre les bases de la comptabilité, les enjeux de ressources humaines, les limites budgétaires, etc. C’est une école en soi! Et ça, les fondateurs des coopératives l’avaient bien compris. En se dotant de principes coopératifs, ils ont placé en cinquième celui de l’éducation.
L’éducation coopérative est un principe trop souvent oublié et qui pourtant traduit quelque chose de majeur : toute personne membre d’une coopérative PEUT devenir administratrice. Trop souvent, on a le malheur d’apprendre que des membres ne se présentent pas pour siéger sur un conseil d’administration parce qu’ils ont l’impression de manquer de compétences en gestion. Détrompez-vous! La logique coopérative est à l’opposé. Elle nous dit que pour administrer une coopérative, il faut comprendre le besoin auquel elle doit répondre chez les membres. Puisque pour devenir membre de sa coopérative il faut partager ce besoin, tous les membres sont par défaut des candidats de choix au conseil.
Dans une coopérative de travailleurs paramédics, le besoin partagé est celui de se donner un travail. Traduit autrement, tout membre paramédic a ce qu’il faut pour être administrateur. Du moins presque tout : la coopérative a pour responsabilité d’éduquer ses administrateurs et leur donner les outils nécessaires pour l’administrer, mais encore faut-il avoir l’intérêt et la curiosité pour vouloir apprendre!
En résumé, un bon administrateur paramédic en est un qui travaille, qui a de l’intérêt et de la curiosité. Pour le reste, il faut faire confiance au processus. Et c’est en soi la beauté d’une coopérative de travailleurs, qui nous rappelle qu’on est plus que le travail qu’on fait, qu’on est des citoyens à part entière et qu’en tant que tel, on peut très bien administrer une entreprise et y travailler.
C’est ça, travailler par et pour. C’est par les paramédics que la coopérative peut servir le public, et c’est pour eux qu’elle est administrée. Ils sont réellement les experts de leur profession!